Pffff ! Pas besoin de conseils allez vous me dire. Dans un rayon de supermarché, entre un camembert « de Normandie » et un camembert « fabriqué en Normandie », je n’hésite pas un instant et je prends le camembert « fabriqué en Normandie », en voyant très bien les filles aux joues rouges avec leurs armoires (cf. Thomas Dutronc) et les troupeaux de belles vaches noires et blanches (qui soit dit en passant sont hollandaises).
Et bien vous avez tout faux !
Le camembert dit « fabriqué en Normandie » et le plus souvent installé dans une belle boîte sur laquelle trônent de splendides vaches rutilantes (et généralement hollandaises …) n’est autre qu’un produit industriel fabriqué avec du lait thermisé (chauffé jusqu’à 60°C) ou micro-filtré, voire pasteurisé : si vous cherchez bien, vous trouverez dans la composition la mention lait thermisé ou micro-filtré mais c’est écrit tout petit.
En revanche le nom « camembert de Normandie » est une appellation d’origine protégée (AOP qui remplace l’ancienne appellation d’origine contrôlée AOC) réservée aux camemberts fabriqués avec du lait cru moulé à la louche, provenant de vaches de race normande, et réalisé dans des zones géographiques répertoriées. Et d’ailleurs la mention AOP figure toujours sur la boîte.
Cette distinction date de 2007, date à laquelle les géants du secteur (dans lesquels on trouve les marques telles Lepetit, ou Lanquetot) avaient demandé la révision des normes de l’AOP avec l’autorisation d’utiliser du lait thermisé ou micro-filtré. Mais fin février 2008, l’ « Association de défense et de gestion du camembert de Normandie » a voté à plus de 55 % en faveur du maintien du lait cru obligatoire pour l’élaboration du fromage utilisant l’appellation camembert de Normandie AOP. Les groupes industriels sont donc sortis de la norme AOP et ont choisi d’utiliser cette appellation camembert « fabriqué en Normandie », imaginant –pas complètement à tort- que le consommateur n’y verrait que du feu.
Mais l’affaire n’est pas terminée, les producteurs du « Camembert de Normandie » AOP ayant décidé de porter plainte pour « usurpation de notoriété » contre leurs concurrents industriels. Ils considèrent en effet (à juste titre) que les mentions inscrites sur les camemberts industriels jouent sur les mots et insinuent le doute dans l’esprit des consommateurs. D’ailleurs, depuis la mise en place de cette subtile distinction, les camemberts de Normandie AOP ne représentent plus que 5% de l’ensemble des camemberts, contre 10 à 15% il y a encore trois ans !!
Voilà, vous savez désormais tout ce qu’il faut pour choisir un « VRAI » camembert : mention AOP + mention « Camembert de Normandie ».